Pendant le camp d’été de Méjannes-le-Clap en 1999, un des instructeurs français de haut grade m’a demandé de donner un nom à notre communauté internationale d’aïkido, en forte croissance d’une année sur l’autre. Cette communauté s’est formée spontanément et a progressé en une famille internationale dotée d’un caractère spécifique très marqué grâce aux échanges entre des instructeurs de la USAF Western Region, du British Aikikai, et de plusieurs dojos français ainsi que leurs membres associés en Grêce, Suisse et Allemagne. Donner un nom à cette communauté s’avérait nécessaire à cause de la situation politique Européenne où le contrôle est très strict pour les organisations d’aïkido. En particulier, le contrôle du gouvernement tend à limiter la mobilité libre et ouverte de cette relation élève-enseignant, qui est une priorité essentielle dans notre pratique de l’aïkido. Cette situation a poussé de nombreux pratiquants à s’éloigner de cet état de confusion et de mécontentement. Ils ont recherché une identité dans leur vie d’aïkidoka. Après deux ans de délicate réflexion, j’ai choisi le nom Birankaï. Le mot Biran appartient à la terminologie bouddhique et désigne la tempête cosmique qui précède les changements survenant dans l’ordre cosmique. C’est une force de rétablissement. La tempête peut être puissante et violente, elle se manifeste spontanément pour restaurer l’ordre, mais, dans le même temps, elle produit un effet de guérison par le nettoyage et la purification. En Janvier 2000, j’ai décidé de commencer formellement le Birankai, profitant du millénaire et de l’année du Dragon. À l’occasion du camp d’été de la USAF Western Region, à San Diego en juin 2000, j’ai nommé Dr. Rikko Varjan en tant que premier membre à la tête de cette famille. Je ne peux pas être sûr de l’origine du bol, mais il ressemble à une poterie japonaise de Bizen ou de Tamba. Je l’avais trouvé au milieu de choses insignifiantes entassées dans mon garage, pendant l’été de 1999, précisément au moment du choix du nom Biran. Il est arrivé à un moment si propice, ai-je pensé en premier lieu. Plus tard, j’appris que ma femme l’avait trouvé, posé sur une poubelle dans une allée du voisinage. C’était certainement un cadeau du ciel et une bénédiction pour le Birankai. »

biran bowlLe bol que l’on voit ici, avec ses trois motifs en cercle, correspond parfaitement à ma vision du Biran. Au centre, une puissante spirale d’énergie émerge d’un mystérieux arrière-plan tricolore associant le blanc cendré, le vert profond et le bleu. Le second motif (qui semble fait au couteau ou à la spatule) entoure le premier de pétales de fleurs d’un brun couleur de fumée, avec de belles taches de vert profond et de bleu partant du centre, comme une aura propulsant la spirale d’énergie. Ce motif évoque pour moi les effets d’Amida yasuri (l’aura du Bouddha), que l’on voit souvent irradier vers l’extérieur dans les tsubas (gardes de sabre)japonaises. Le brun clair du pied se mêle à ces trois couleurs pour donner là encore l’impression d’une tache qui s’étend. Il émane de l’ensemble et des puissants effets de feu et de fumée, sans aucun vernissage manifeste, un sentiment de beauté mystérieuse. Les parois du bol, qui s’élèvent progressivement au-dessus du pied à un angle de quarante degrés, expriment simultanément l’expansion et la contraction ou la force centripète et centrifuge.

 

T.K. Chiba, fondateur du Birankaï.